Le dernier voyage

Encore quelques pas.

On passe la colline, comme pour surmonter ses peines.

Devant nous s’offre ce monument, magnifique demeure d'antan, faite de pierre.

Immense, robuste.

Au-dessus de nous la consternation divine, ciel blanc-neige de catastrophe, il vente, le ciel s'attire les foudres – pourquoi Diable ce temps-ci, aujourd’hui ? – les regards sont bas et tristes; il règne une ambiance de mort, justement nous y voilà, devant l'église.

La neige, soufflée par le vent, scinde la plaine.

Main dans la main, bras dessus bras dessous, les mouchoirs sont serrés: la famille pleure, les proches pleurent, on pleure.


Soudain, de l'église du monde s'extirpe, clairsemé. Main dans la main pour les uns, bras dessus bras dessous pour les autres, soutien du regard au loin, les mouchoirs sont serrés autant que les coudées sont liées: la famille pleure, les proches pleurent, on pleure.

Cette dame, fauchée par la tristesse, hoquète.

Au loin d'ailleurs, les arbres aussi semblent pleurer, branches baissées, feuillage nu. Il fait gris. Devant nous et avec ce manteau de fourrure, la grand-maman ressemble au saule pleureur, pendant que son filleul réconforte, puissant hêtre.

Ce monsieur, balayé par la perte, pleurniche.

Le cortège de pleurs passé, enfin la victime est mise en terre.

Ce dernier voyage.

On lance une rose dans la tombe.

Les souvenirs passent.

La procession est terminée.

Le deuil est fait.

On redescend la colline, les voiles de brouillard nous aveuglent, à moins que ce ne soit les larmes.

Pendant ce temps, au-dessus de nous l'église nous surveille encore.

Immense, robuste.

L'église, le dernier voyage

Immense, robuste.

Précédent
Précédent

Le flacon, peu importe

Suivant
Suivant

La tournée fédérée