Faire son (propre) coming out

2021, nous voilà bien engagés dans cette décennie, pour l’heure singulièrement estampillée Covid-19.

Cette décennie devait être celle du climat, celle qui emboîte le pas de Greta. La boîte de Pandore serait définitivement ouverte par les rapports du GIEC, les climato-sceptiques mis dans des boîtes noires, les véritables éco-responsables à la tête des boîtes qui montent.

Le climat, ce serait la boîte à fric.

Cette décennie devait être PIB, l’EBITDA et ci et ça, bla bla bli, bla bla bla.

Mais il y eut Naomi Osaka.

Et puis Simone Biles.

Deux pionnières, qui osent avouer leurs faiblesses, presque à demi-mot tout en emplissant des pages pleines de journaux, deux humaines certainement célèbres, probablement riches, qui devraient, selon l’usage, montrer patte blanche et une résistance noire ; aucune faiblesse à l’horizon, une championne doit l’être partout, pugnacité sur le court comme dans la vie, sur le tatami comme dans l’entretien de ses plate-bandes, naturellement fleuries.

Mais elles ont osé avouer des faiblesses, liées à leurs professions.

Et si, finalement, cette décennie à venir, post-COVID (bientôt ?), ne pouvait-elle pas être celle du coming out ?

De son coming out à soi.

Chacun le sien.

Chacun son histoire.

Les choses que désormais, on ose avouer.

Cette décennie devait être celle du climat, celle qui emboîte le pas de Greta, la boîte de Pandore serait définitivement ouverte par les rapports du GIEC, les climato-sceptiques mis dans des boîtes noires, les véritables éco-responsables à la tête des boîtes qui montent. Le climat, ce serait la boîte à fric.


Et si, désormais c’était OK, de dire tout haut ce qu’habituellement on enfouit tout bas ?

Et si c'était OK que papa s'occupe du casse-croûte de Jules et d'Alice, pendant que maman gagne la croûte ?

Et si c’était OK de dire que non, la sodomie n’intéresse pas le couple de la génération Y, qui pourtant regarde des vidéos X sur un compte payant YP ?

Et si c’était OK, terrible aveu, de regretter d’être devenu maman, mais qu’on y travaille ?

Puisque c’est OK que papa s’épile les sourcils, pourquoi ne pas tolérer que madame ne fasse pas les siens, voire ses aisselles ? Et si c’était la norme qu’en rentrant des courses papa récure la salle de bains pendant que maman regarde Liverpool à la TV ?

Puisque c’est OK que papa s’épile les sourcils, pourquoi ne pas tolérer que madame ne fasse pas les siens?


Et si c’était OK ?

OK de dire qu’on est OK ?

OK avec ses faiblesses.

Et s’il ne fallait plus dire « ça va » après les salutations et la sacro-sainte question du : « tu vas bien ? »

Car en 2021, le coming out sexuel est accepté par tous. Des pires réfractaires, récalcitrants homophobes, au smicard schlappe-à-trou post-pubère. Être gay est toléré, vive l’ouverture. Carl Nassib a osé. Lui le fit, ce coming out, dans le monde machiste, manichéen, moulu aux métamphétamines, mot d'ordre masculin: la NFL.

Il a osé.

Donc désormais, il faut faire son coming out à soi.

Celui de ses faiblesses à soi.

Ce qui est encore largement tabou.

Dire qu’on n’a pas envie d’arrêter de fumer parce qu’on aime ça ; avouer qu’on ne vient pas à une réunion familiale parce qu’on n’a pas envie, plutôt de dire qu’on est fatigué d’un déménagement. Lorsque ses enfants invitent un-e copain-e à la maison, et si c’était OK de dire aux parents que c’était un calvaire, que Jules a hurlé et qu’il a cassé les jouets de Julie ?

Et si c’était OK, que ce soit madame qui choisisse le modèle 4x4, pendant que monsieur soigne sa manucure ? Et si c’était OK, de dire qu’on a arrêté ses études, non pas parce que le sujet n’intéressait pas, mais tout simplement parce qu’on n’avait pas la moyenne ?

Et si c’était OK, de dire qu’on n’en peut plus, de sa vie, même lorsque l’on s’appelle Carey Price, l’un des meilleurs gardiens de hockey du monde ? D’expliquer à ses employés qu’on va manquer du temps au bureau, car on est battu par sa femme ?

En 2021, le coming out sexuel est accepté par tous. Des pires réfractaires, récalcitrants homophobes, au smicard schlappe-à-trou post-pubère. Quid du reste ?


Et si c’était OK de dire qu’on est incapable, devant la TV, de ne pas finir une plaque de chocolat ? De dire qu’on n’aime plus être en société, après la pause Covid ? Et si c’était OK de dire aux copains qui crient “allez, une dernière bière pour la route!” qu’on se limite à l’apéro, qu’on n’en boit qu’une, de bière, car après on va jouer avec les enfants au foot dans le jardin, que non, faire la sieste dans le canapé ne nous intéresse plus ?

Si c’était OK, en dégustant du vin chez le vigneron ou au comptoir, qu’on veut simplement acheter le dernier Gamay, sans être obligé de le déguster ; qu’il ne fallait plus se justifier, de refuser de goûter ?

Si une frange de la popluation a fait le pas du coming-out, le sien, à soi, tout le monde n'ose pas.

Pas encore.

Et si cette décennie devait être celle du climat, elle doit aussi être celle du soi.

Cette décennie devait être celle du climat.  Et si c’était aussi celle du soi?

Cette décennie devait être celle du climat. Et si c’était aussi celle du soi?

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