La guerre des couleurs

Le ciel. Une rivière. La mer. Une voiture.

Un poussin. Le soleil. La pièce de 5 centimes. Pikachu.

Pour les enfants, ces mots sont ceux qui évoquent le bleu et le jaune, respectivement. Vue juvénile, innocente et du premier degré; les enfants ont ces jumelles laconiques du bonheur, ils voient simple, les yeux candides: ils voient juste.

Pour nous adultes, une fois la psychologie immiscée et la complexité des années arrivées, on décortique tout. Le bleu devient la couleur de la paix il paraît; le jaune celui de la trahison il semblerait.

Les couleurs sont une représentation du vécu. Jeune on s'imagine à la plage: le petit voit le ciel bleu, le benjamin patauge dans l’océan bleu, plus loin l’ado rêve du billet bleu de 100 balles. Un peu plus loin et pour les parents malheureux, le bleu est devenu larmes, il parait que c’est jaune cocu.

Désormais, ma foi et triste vérité, le jaune et le bleu sont devenus synonymes de guerre.


Désormais, ma foi et triste vérité, le jaune et le bleu sont devenus synonymes de guerre.

L'Ukraine.

Et la désormais maudite Russie. Ou plutôt le maudit Putin, car ce n'est pas pareil.

Le jaune, le bleu, l'Ukraine.

Son drapeau.

Et maintenant ses blessés, ses morts, les familles séparées, les réfugiés, les bombes et les immeubles rasés.

Alors on cauchemarde d'y être, de voir les bombes tomber, les soldats arriver; nos femmes violées, leurs maris assassinés, les maisons si longuement construites saccagées, en un tournemain et dans une rafale furieuse.

Et puis on imagine une petite famille désarçonnée, qui doit faire le choix de la séparation.

Monsieur reste au pays défendre les couleurs — ce bleu et ce jaune devenu son sang — on défendra son lopin de terre, sa patrie et son appartenance.

Madame, elle, part protéger la famille et les acquis, les générations futures, elle s’en va avec les deux enfants sous les bras tremblants.

Les enfants découvrent des larmes qui coulent sur les joues des parents qui s'embrassent.


Les enfants découvrent des larmes qui coulent sur les joues des parents qui s'embrassent.

Pour la dernière fois.

Derrière l'accolade des parents les deux enfants, pas encore certains du destin qui les guette.

Celui d’orphelin.

“Mais pourquoi maman pleure-t-elle?”, se demande l’aîné; “mais pourquoi papa pleure-t-il?”, se demande ensuite le petit.

Alors ils agrippent leur doudou, un lapin jaune et un oiseau bleu.

Maman sourit à papa, une dernière fois.

Les enfants regardent papa, une dernière fois.

Si les sourires sont jaunes en temps de guerre, dans les dessins animés les larmes sont bleues.


Ce texte a été écrit sur demande d’une lectrice - merci! N’hésitez pas à me soumettre vos idées/thèmes, je suis preneur.

Le jaune, le bleu, désormais synonymes de guerre

Le jaune. Le bleu. Désormais synonymes de guerre.

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