Chacun ses jouets, chacun ses chevaux
Dans le métro qui descend au lieu, les passagers montent les tours: une ribambelle de gosses jouotent, ânonnent, font du bruit en même temps que les ânes, dérangent ces voyageurs quidams qui ne demandent qu'à retourner au boulot.
Les bambins courent dans le wagon tels des fauves lâchés, ils grimpent sur les sièges, observent leurs proies, les titillent du regard. Au loin et désormais blottis dans un recoin dudit métro, comme si l'hyperactivité était maladie transmissible, les adultes observent, mi-figue (ceux qui sont déjà parents sourient) mi-raisin (ceux qui n'ont pas d'enfants râlent): "les enfants ça doit être comme les pets, on ne supporte que les siens".
On se fait les cornes, on se chamaille, canaille. Les gosses se sentent pousser des ailes
Quelques kilomètres plus loin, on se rapproche du grand raout.
La place est réquisitionnée. Elle change d'atours, se transforme. Le bitume habituellement réservé aux véhicules rutilants, à leurs puissants chevaux, cède sa place à la place de fête et aux copeaux.
Aux alentours de la place, la police n'hésite pas, elle ne fait pas dans la dentelle, elle profite: elle colle les resquilleurs, verbalise ces travailleurs mal garés. Ceux-là même de la grande corporation. Alors c'est les noms d'oiseaux qui volent, "quoi? 40.- d'amende pour mauvais stationnement, non mais la ville fout quoi, y a bientôt plus aucune place de parc dans cette foutue ville". La pervenche fait l'autruche, elle n'en a cure, l'autre ne démord pas, l'officielle sort les griffes, "gribouillez au greffier si vous êtes pas content!".
L'officielle sort les griffes, "gribouillez au greffier si vous êtes pas content!".
Au loin, on entend les enfants du métro qui désormais s’approchent: on se fait les cornes, on se chamaille, canaille. Les gosses se sentent pousser des ailes, même sans volière, têtes de linotte, "c'est chouette!"
Et l'odeur de crottin afflue cahin-caha. Les animaux sont bien là: au sens propre cette fois-ci; les enfants jubilent, les chevaux sont des jouets dressés devant eux, pas sous le capot des jouets des parents.
L'ancien parking est désormais place de fête.
Et cette fois-ci les adultes sont unanimes, parents ou non: c'est le cirque pour se garer.
Oui, à Ouchy, la caravane du cirque est bien arrivée.
*ce texte fut écrit sur une demande spontanée. Vous avez d'autres idées ou suggestions? N'hésitez pas! [Contact]