Dans la tête de Melanie Chappuis

Melanie Chappuis, journaliste au quotidien Le Temps.

Jadis, elle publiait un premier livre "Frida", ouvrage parait-il sublime, qui lui valut louanges et dithyrambes, le "Prix de la Relève 2012" en guise de cérémonial.

Depuis qu'elle écrit des chroniques hebdomadaires à Le Temps, elle a profité pour en éditer un second, de livre, agrémenté par ces mêmes chroniques. Un amoncellement de textes épistolaires page 2 du quotidien, on fait du copier-coller dans un bouquin 100 pages, édité par Le Temps.

Ce qui est facile -- ou dérangeant, c'est selon --, c'est quelle écrit toujours les mêmes chroniques, facilement reconnaissables, facilement imitables; au diable les atermoiements, salut les complications, adieu les digressions, changer de genre non merci, on ne change pas une équipe qui gagne, ni une équipe qui publie, boniment, ses écrits.

Par nos modestes mots, nous allons tenter un artefact de Melanie. Nous ne sommes finalement rien ni personne, n'avons rien publié, tout juste un Carnet de Bord ici présent qui recueille environ 3 lecteurs par jour. Mais on va se lancer. En somme, nous sommes la charité qui se moque de l'hôpital Melanie Chappuis. Qu'importe, nos trois lecteurs quotidiens nous pardonneront.

Le style Melanie Chappuis, il est monolithique. Des phrases courtes. Très courtes. Brèves. Mots simples et grammaire facile. Idéalement, se saisir d'un sujet un brin tabou, tamisez les lumières, roulez les tambours, déroulez le tapis du catastrophisme. Et en route pour quelques lignes.

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Dans la tête de Melanie Chappuis, écrivain et journaliste au Temps.

C'est terrible. Je n'ai jamais ressenti pareille sensation. La page blanche est là, devant moi. Aucune inspiration ne me vient à l'esprit. Assise à mon bureau, je ronge mon crayon, sans idée. L'œil rivé sur le Prix de la Relève qui surplombe mon étagère. La statuette me regarde. Elle se moque presque de moi. Grande coquine, veux-tu t'en aller? Je fuis son regard, presque honteuse de ne pouvoir lui donner un petit frère Goncourt ou une petite sœur Médicis. J'ai peur. Mon esprit est comme en arrêt. Plus rien ne vient noircir ma feuille. Satanée page blanche. En pensant à Satan, et si je m'en remettais à Dieu? Si c'était Lui mon sauveur? Non, je ne suis pas croyante. Mince. Pour une fois, je regrette. La religion, c'est seulement l'opium du peuple. Et de l'opium, tiens, si je m'y essayait? Non, ne pas finir comme François Cavanna, je me le suis toujours promis. Allez, je vais sortir prendre l'air. Me rafraîchir les idées. Prendre un café en même temps que l'espoir de retrouver le thème. Trouver le sujet qui coloriera ma page blanche. Car je sèche toujours. Et la maudite statuette qui me guette encore. Ma chronique hebdomadaire dans Le Temps doit faire 5000 signes. À peine arrivé à 500 que je sèche déjà. Le réservoir à idées est vide. Le délai approche, l'édition va bientôt clôturer et moi je n'ai rien. Rien qu'une page blanche. Le hic, c'est que les sujets glauques me manquent. Y'a rien à se mettre sous la dent ces jours. Rien ou presque. Que nenni. Ou alors, si je me mettais dans la tête d'une CEO, Marissa Mayer de Yahoo!? D'une femme qui a le pouvoir. Ou alors dans celle de Satya Nadella, le nouveau boss de Microsoft? À quoi doit-il penser, en ce moment? Quels sont ses buts? Lui doit avoir des pages pleines de tâches à accomplir. Allons dont, eurêka, je vais choisir Maylis de Kerangal! Elle est sur toutes les lèvres ces jours. Son dernier livre Réparer les vivants cartonne. Elle qui écrit des livres sur des thème toujours identiques. Elle qui écrit des phrases si compliquées. Trop longues. Et moi qui n'en compose que des courtes, je suis justement à court d'idées. Maudite tête.

Un exemple d'une chronique de Mélanie Chappuis.

Un exemple d'une chronique de Mélanie Chappuis.


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